Lhommaizé est riche d’une longue histoire. Son patrimoine en témoigne. Il a forgé l’identité de la commune qui conserve encore quelques vestiges de ce passé.
L’Église Saint Jean-Baptiste
Il existait à Lhommaizé, une petite église romane St Jean-Baptiste, normalement orientée, dont la cure dépendait du chapitre de Morthemer. Il y avait un retable en bois sculpté du XVIIème siècle que l’on peut voir actuellement dans l’église de St Porchaire à Poitiers. Elle fut reconstruite à partir de 1870 et tournée vers le nord.
L’Eglise, élevée par le chauvinois Brimaud sur les plans de l’abbé Brisacier et de l’architecte Ardouin, fut consacrée le 15 octobre 1876.
- Elle a un plan en croix latine et remploie des matériaux de l’édifice détruit.
- La nef comprend trois traversées néo-gothiques. Les fonds baptismaux où se trouve conservée une cuve baptismale romane du XIIe siècle.
- L’autel majeur néo-gothique, s’orne sur le devant de la scène des Saintes Femmes au Tombeau.
- Le Tabernacle est encadré par les statuettes de l’Espérance et de la Foi.
- Les vitraux de la nef proviennent des ateliers Fournier de Tours et datent de 196. Ils représentent les visages des familles des donateurs. Sous chaque scène figure des blasons différents. Les vitraux de l’abside sont de Fournier et datent de 1886. Ils sont fournis par les mêmes donateurs. Les vitraux du transept ont été donnés par l’Abbé Adolphe Touchard en mémoire de sa famille et sont dédicacés.
- Un tableau du XVIIe siècle représentant le baptême du christ. Une huile sur toile du XVIIIe siècle : Sanctus Lucius.
Le clocher Néo-gothique, en pierre, permet de repérer immédiatement l’église au centre du village. Il contient quatre cloches. Deux d’entre elles ont été fondues par Georges Bollé d’Orléans en 1885. L’une se nomme Albertine-Louise-Marie, l’autre Jeanne-Marie-Louise. Deux autres plus anciennes, occupent l’étage supérieur du clocher, achevé en 1893 : Louise-Marie, bénite en 1732, et Jeanne, bénite en 1850.
La porte de la sacristie : En février 1906, avec la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, se déroulent les inventaires des objets de culte. Lors du premier inventaire, le receveur fut reçu par des rires suite à une chute de tabouret. Il revint avec les gendarmes. Les paroissiens s’étaient enfermés dans l’église. Un menuisier fut obligé de couper à la hache la porte de la sacristie pour les faire entrer. Le trou est encore visible sur le bas de la porte.
L’Étang
D’une superficie de 20 hectares, l’étang aménagé par le Duc de Mortemart entre 1661 et 1680, est traversé par la Dive. Il a fourni l’énergie hydraulique nécessaire aux activités qui se sont succédé à Lhommaizé du XVIe au XXe siècle : forge, distillerie, usine hydroélectrique notamment.
Il a abreuvé pendant quelques années les 400 chevaux de l’annexe de la Remonte, de l’armée française en 1904.
Construit au début des années 1960, le barrage de la Forge est un ouvrage de 4,5 m de hauteur, situé sur la rivière de la Dive. Aujourd’hui, la retenue du barrage est devenue un étang.
Le Château de la Forge
De vastes forêts alentour, un gisement de minerai de fer, un site industriel attesté dès la fin du XVIe siècle et l’esprit d’entreprise d’un noble ayant racines et propriétés dans la région expliquent la présence de ce château. La réalisation d’un programme cohérent, prévoyant communs (880 m²), parc à la française utilisant les ressources du terrain (vallon où coule la Dive) et logis (550 m²) destiné à la fois au commanditaire et au maître chargé de l’exploitation des forges, est confiée par Jean Victor de Rochechouart, quatrième duc de Mortemart, à l’architecte Robert Penchaud. On estime à un peu plus de 200, le nombre d’ouvrier ayant participé à la construction.
Edifié de 1763 à 1769, le logis, de plan rectangulaire, se présente comme un grand corps central à trois niveaux, accosté de deux pavillons ne comportant qu’un étage de lucarnes (refaites au XIXe siècle)
- Le rez-de-chaussée surélevé tient lieu d’étage noble avec des pièces d’apparat, disposées en enfilade et tournées vers la cour d’honneur, et les appartements privés avec vue sur le parc. Les cheminées de marbre sont de style Louis XV, mais les belles boiseries anticipent sur le style Louis XVI. Le premier étage était réservé aux enfants du duc, le second au maître de forge Robert de Beauchamp.
D’une architecture classique, le château dispose de dépendances, d’une chapelle, d’une cour d’honneur et d’un parc à la française, traversé par le Rin. - La grille monumentale qui ferme la cour d’honneur fut exécutée dans la forge qui jouxtait le château en 1769. Elle comporte dans sa partie supérieure le chiffre de Jean de Mortemart, surmonté de la couronne ducale.
Cet imposant édifice tient son originalité dans sa distribution par niveau (selon le rang du destinataire), atteint une qualité d’exécution d’autant plus remarquable que les grands chantiers ne sont pas si nombreux dans le Poitou du XVIIIe siècle.
Ce château (ainsi que sa grille) est classé Monument Historique depuis 1991.
La Forge
Créée vers 1595, elle a été entièrement reconstruite en 1661 pour le duc de Mortemart, dans la vallée de la Dive où a été aménagé un étang de 20 ha. Propriété des ducs de Mortemart jusqu’à la révolution, la forge est affermée successivement pour un bail de 6 ans. A partir de 1756, la famille de Beauchamp, maîtres de forge de père en fils, s’y succèdera avant de devenir propriétaire des lieux en en 1798, à la suite de l’exil du Duc de Mortemart en Angleterre et par la réquisition et la vente des Forges et du château comme biens nationaux. Cette exploitation métallurgique a joué un rôle de première importance dans l’activité industrielle du Poitou en produisant 100 à 120 tonnes de fer en 1886, ce qui la classait parmi les plus importantes de l’Ouest.
L’entreprise cesse toute activité en 1888, et les bâtiments sont soit démolis, soit transformés pour accueillir une distillerie d’alcool de betteraves.
La Distillerie
Près du château, on aperçoit encore un bâtiment en ruine. Il s’agit d’une ancienne distillerie construite en 1888 sur l’emplacement des ateliers des forges fermés en 1886/ afin de rembourser la dette de guerre, demandée par les Allemands, à la suite de la défaite française de 1870. L’alcool était obtenu par distillation de betteraves ou de topinambours.
Des écuries sont également construites pour abriter les bovins. Ainsi les éleveurs plaçaient leurs bovins à l’engraissement grâce aux pulpes, dans les écuries de la distillerie.
Annexe de la Remonte
La distillerie cesse son activité dès 1910 et les bâtiments deviennent des dépendances agricoles ; les écuries sont quant à elles réutilisées pour accueillir les chevaux de l’annexe de la Remonte à partir de 1899. Baptisée Quartier Rovigo, l’annexe de la Remonte a pour mission d’acheter des chevaux, de les élever et de les préparer au régime militaire pour le compte du ministère de la Guerre. Sa fermeture définitive s’est opérée en 1926.
Centrale hydroélectrique
En 1901 Louis de Beauchamp, Maie de Lhommaizé, Conseiller général et concessionnaire de l’annexe de la Remonte émet un projet de construction d’une usine électrique près de la Distillerie pour alimenter en électricité les communes de Lhommaizé et de Verrières. La présence de l’étang est essentielle et la Société anonyme d’électricité de Verrières et Lhommaizé est créée. la construction et l’aménagement se dérouleront en 1902 et 1903 au bas de l’ancienne distillerie et face au passage d’eau de l’étang sous la chaussée. L’usine est pourvue d’une turbine double à axe horizontal. Elle développera jusqu’à 60 chevaux avec un débit de 880 litres seconde. Les deux génératrices produisent chacune un courant continu d’une puissance de 18 kilowatts (intensité 75 ampères, tension : 240 volts).
La distribution en électricité, effective en 1905 et conçue pour un éclairage public et des abonnements privés sur les deux communes, connaitra nombre de vicissitudes avant d’être reprise en mai 1934 par la Régie du Syndicat intercommunal d’électricité de la Vienne. L’usine hydroélectrique produira de l’électricité privée jusqu’en 1960.
Les Fours à chaux
Une industrie autrefois très prospère. Lhommaizé comptera jusqu’à quatre usines à chaux.
- La Gare (2 fours en 1883, 4 en1892. Fermeture en 1958)
- La Bussière (2 fours de 1888 à 1914)
- Bois de Daim (6 fours de 1889 à 1914)
- Ferroux (four temporaire privé pour les besoins des agriculteurs locaux).
Les fours à chaux de la Gare
Profitant de la voie ferrée et de la proximité d’une carrière à ciel ouvert de 7 ha, l’usine de chaux de la Gare est créée pour la production de chaux agricole. Deux de ses fours sont édifiés en 1883 puis en 1892, deux nouveaux fours sont construits (un seul subsiste actuellement). Ils sont identiques, de forme octogonale, d’une quinzaine de mètres de haut : ce sont des fours à calcination continue à petite flamme.
La carrière d’où est extraite la pierre se situe à une centaine de mètres au nord de l’usine. Les wagonnets en sortant et ceux remplis de charbon sont tractés à l’aide d’un treuil électrique jusqu’au sommet des fours. En 1898, l’usine est rachetée par la société des Mines et Usines de Faymoreau puis cédée en 1911 à Maurice Samson, Maire de la commune. Les deux premiers fours sont démolis mais l’usine produit en 1938 de 3000 à 4000 tonnes de chaux par an, exportée en Limousin et utilisée dans la région pour amender le sol. Une quarantaine de personnes y travaillaient. Cessation d’activité en 1958.
La Gare de Lhommaizé
Du projet d’une ligne de chemin de fer Poitiers-Limoges formulé en 1854 à l’enquête publique émise en 1861, il faudra patienter jusqu’en 1867 pour voir la mise en service de la 1e ligne reliant Le Dorat (Haute-Vienne) à Poitiers (Vienne). La section de la ligne reliant Limoges à Le Dorat via Bellac sous la concession de la Compagnie des chemins de fer de l’État, fut mise en service progressivement de 1880 à 1881. Dès 1882, la section sera exploitée par la Compagnie du Paris Orléans.
A l’époque, le conseil municipal avait souhaité que « la gare de Lhommaizé soit située à mi-parcours entre le château de Lhommaizé et celui de Morthemer« . En 1891, la gare de Lhommaizé recense 900 voyageurs et plus de 1 000 bœufs acheminés par le train. Les fours à chaux à proximité augmentent encore le trafic en expédiant leur production vers le Limousin.
A partir de 1938, l’exploitation de la ligne est reprise par la SNCF nouvellement créée par le gouvernement du Front populaire. Après plusieurs menaces de fermeture dans les années 1980, la ligne survit jusqu’en 1988 où la gare est mise en vente. Sans acheteur, elle est ensuite détruite ainsi que les maisonnettes des gardes barrières de la Gare, du Bois au loup et du Bois de Daim.
Sources :
Extraits de « Lhommaizé, au fil du temps », ouvrage de Gérard Dupuis, disponible en libre consultation à la bibliothèque de Lhommaizé.
Patrimoine et inventaire de Nouvelle Aquitaine : https://patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr
Site Internet : https://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/
Diocèse de Poitiers
Carte postales anciennes : Collection de Françoise et Guy Dupuis à Lhommaizé.